Le Coup de gueule du Sergueï # 2

Publié le par Sergueï

République Française

 
Superficie totale : 674’843 km² (rang 40)
Population totale : 63'604'551 (rang 20)
IDH : 0.938/1 (rang 16)
PIB : 2118 milliards de dollars courants (rang 7)
Puissance économique : (rang 6)
Puissance militaire : 350'000 troupes hors réserve (rang 3)
Exportations : 361'622 milliards d’euros (rang 4)
Exportations agro-alimentaires : (rang 2)
Exportations de services : (rang 1)
Valeur touristique : 80 millions de visiteurs/an (rang 1)
Productivité par tête : (rang 1)
Importance régionale : membre fondateur de l’Union Européenne

 

La France est un grand pays...
... aux mains de gens étroits.

 

   Alors que Dominique de Villepin vient de faire machine arrière sur sa tentative de réforme du marché du travail, certaines facultés poursuivent leur blocage pour « maintenir la pression » sur le gouvernement, en une sorte de grève préventive. Faut-il s’en réjouir ? Faut-il se féliciter de l’ultime preuve d’impuissance d’un État incapable depuis près de vingt ans de se gouverner ? Il est clair que le CPE est une erreur économique et que sa tentative de mise en place s’est faite dans des circonstances plus que douteuses. Pour autant, s’agissait-il du rétablissement de l’esclavage ? Du retour de la Monarchie ? L’ampleur des mouvements que nous avons connu les dernières semaines était-elle justifiée ? En aucun cas. La France a démontré une nouvelle fois, en un simulacre de révolution nationale, l’incompétence de ses dirigeants et la bêtise de ses étudiants, véritables moutons de Panurge manipulés et fiers de l’être par des factions poujadisto-trotskistes... de gauche ?

 

  La gauche comme je la vois porte des idéaux d’humanisme, de progrès et de respect des institutions démocratiques. La mouvance gauchiste française quant à elle ne jure que par l’opposition de principe, la critique préventive et l’anarchie constructive, le tout agrémenté d’une bonne dose d’égoïsme, d’irréalisme et de connerie brute. Je ne sais pas si je dois rire ou me désoler lorsque j’entend un Che Guevara d’amphithéâtre s’exclamer à ce qu’il reste de son auditoire au terme de 24h d’AG, qu’il « faut poursuivre le blocage pour que le gouvernement retire le CNE et le reste de la loi sur l’égalité des chances ». Je me demande si c’est pas pur égoïsme ou simplement par envie puérile de « foutre la merde », qu’il se permet ainsi de décider du sort des quelques 20% de jeunes français qui, eux, ne demandent qu’à trouver du travail et qui par ailleurs ont brillé par leur absence lors des manifestations anti-cpe. En fait, le drame c’est que ces étudiants plein de bonne volonté pour « renverser le Système » font preuve d’une conscience économique inférieure à celle de mon hamster angora lorsqu’il s’agit de réfléchir au delà des slogans vides de sens qu’ils répètent inlassablement, moins par conviction que par transe collective.

 
 
Mais l’incurie des étudiants n’est qu’une des manifestations du malaise qui traverse toutes les couches d’une population française, crispée sur sa souveraineté, terrifiée par la mondialisation, par l’immigration, par l’Europe, par le libéralisme, par le textile chinois, par la directive Bolkestein, par les Etats-Unis, par les OGM, par les réformes, par les élites, par les ours des Pyrénées, par le nucléaire, par le réchauffement de la planète, par l’augmentation du prix du sans plomb, par Dominique de Villepin, par la concurrence, par la coopération, par le chômage, par les entreprises, par la récession économique, par les politiques de relance, par le déficit, par les réformes de la fonction publique,  mais surtout, terrifiée par elle-même. Cette profonde incapacité à être en phase avec le XXIème siècle et à se placer face aux nouveaux enjeux qu’il apporte se traduit par une division des français entre une gauche rétrograde, bercée par le mythe de la Belle Époque des sixties, de Woodstock Festival et des barricades de mai 68 et une droite fascisante portée par des personnalités populaires et populistes telles que J.M Lepen et N.Sarkozy. Dans ces conditions, comment espérer de la France qu’elle retrouve sur la scène internationale une place à laquelle lui donnent droit son poids naturel et son potentiel économique ?

 
  Il est temps que les français se reprennent en main et qu’ils retrouvent un semblant d’honneur, d’ambition et de courage pour faire face aux nouveaux défis qui leur sont lancés, car c’est de leur capacité à se placer comme moteur de l’Europe, comme promoteurs de la coopération internationale et comme défenseur du droit du vivant et des hommes que dépend l’avenir d’un pays qui, malgré sa passivité, a compris instinctivement que le Capitalisme n’avait pas d’avenir. Pour cela, il s’agit d’abord de s’entendre collectivement sur les réformes à entreprendre en cessant pour un temps de se recroqueviller lâchement sur nos avantages catégoriels, et en donnant aux pouvoirs publics, les moyens de leurs actions ; Car rappelons le, en vertu de l’article 20 de la constitution, c’est le gouvernement émanant du peuple qui gouverne le pays... et non le délégué UNEF de la faculté de Rennes 1.

 

 

 

Publié dans Politique

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S
Je ne porte aucun jugement de valeur sur l’emploi du 49-3 par Edith Cresson (pour être franc je m’en fous un peu en fait). En revanche, les circonstances dans lesquelles elle l’a utilisé, de même que Rocard et Chirac avant elle, étaient sensiblement différentes de celles qui ont motivé Dominique de Villepin. Ils avaient en effet à faire face à une majorité indisciplinée qu’ils étaient régulièrement forcés de contraindre par le 49-3 pour retrouver un semblant d’unité... Villepin, quant à lui, a cherché à imposer une loi qui manifestement ne faisait pas l’unité, ni dans son camps ni ailleurs. Bref. <br /> Je n’ai pas non plus porté de jugement sur l’enveloppe budgétaire débloquée par le gouvernement (je suis d’ailleurs naturellement hostile à toute extension budgétaire qui n’a pas pour objet un investissement tangible et évidemment profitable), je dis simplement qu’en agissant ainsi, Sarkozy était en plein dans les prérogatives que lui laisse la constitution... et si le parlement s’était chargé de proposer ce projet de loi à sa place, il aurait été instantanément, et à raison, censuré. Pour ce qui est de la comission parlementaire, elle aurait été forcément mixte... et donc totalement paralysée par l’antagonisme PS/ UMP... et elle aurait abouti, au bout de quelques mois, à un compromis sous la forme d’une déclaration de bonnes intentions ou d’un neutron législatif. Or l’intêret du gouvernement n’était pas d’attendre plusieurs mois que la montagne accouche d’une souris, mais bien d’étouffer définitivement la crise par un beau geste, malheuresement sans conséquence (sinon sur le budget). Il ne faut pas se leurrer sur l’étendue des prérogatives du parlement en terme d’initiative législative, il ne peut en aucun cas remplacer le gouvernement pour ce qui est de la détermination de la politique de la nation (art 20 titre III). Ainsi le débat parlementaire n’intervient en réalité que sur les textes préalablement proposé par le gouvernement et inscrits par lui à l’ordre du jour des chambres (art 48). C’est un des principes de base du parlementarisme rationnalisé de la Vème République. <br /> Autre principe de base de parlementarisme rationnalisé : la stabilité du pouvoir politique se fonde sur l’alternance binaire des gouvernements. Il me semble en effet que tu fais une petite confusion entre multipartisme et gouvernement multipartite. En fait le multipatisme fonde la démocratie car il donne aux citoyens le choix de leur gouvernement, par la suite, il n’impose en rien aux gouvernants de tenir compte des avis des groupes mis en minorité à l’Assemblée. Bien au contraire, le principe du vote offre à la majorité la possibilité et le devoir de prendre les mesures qu’elle juge bonne dès lors qu’elle doit sa position majoritaire à l’expression démocratique de la volonté du peuple. Un gouvernement qui aurait à satisfaire, en dépit d’une majorité confortable, les exigences des groupes parlementaires minoritaires, serait un non-sens démocratique total. C’est pourquoi, dans un pays démocratique et stable,<br />  la majorité et le gouvernement qui en émane doivent gouverner seuls car ils sont chargés par le peuple de mettre en application les idées pour lesquelles ils ont été élus. C’est le fondement de la stabilité de la Vème République mais c’est également le fondement, depuis deux siècles, de la stabilité des Etats précurseurs de la Démocratie, à savoir la Grande Bretagne et les Etats Unis.
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R
Tout cela est subjectif... parce que dès qu'un ministre passe "en force" il le légitime avec selon lui une nécessaire urgence... Tu pense que Cresson avait raison... un type de droite te diras que Villepin avait raison! <br /> Ensuite débloquer des fonds était il la bonne solution? à court terme certainement... à long terme permet moi d'en douter! On ne fait que repousser le problème sans trouver de solutions viables à long terme donc oui le problème du chômage des jeunes nécessitait le débat parlementaire! Enfin c'est sarkozy qui a décider de débloquer des fonds alors que Chirac voulait une commission parlementaire qui aurait travaillé en collaboration avec les ministres...  <br /> De toute façon je maintiens que ce n'est pas parce que un parti à la majorité il doit gouverner tout seul... c'est purement contraire au pluralisme politique qui est propre à nos sociétés démocratiques!
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S
Je ne pense pas que l'alternative au CPE soit à considérer comme un texte majeur nécessitant un débat poussé au parlement. En fait, il s'agit plutôt d'un déblocage de fonds. OR, en vertu du principe d'irrecevabilité financière (cf constitution titre V, article 40), le parlement n'a pas la compétence de prendre l'inititative de textes ou d'amendements étirant les dépenses de l'état. C'est le rôle des ministres du budget, des finances et... de l'intèrieur. L'action de Nicolas Sarkozy est donc totalement légitimée par la constitution... rien de choquant donc.De plus, le 49-3 est une excellente chose, c'est même l'emblème de la rationnalisation du parlementarisme et il a bien servi à des gens comme Michel Rocard et Edith Cresson en leur temps. Ce qui est critiquable en revanche c'est son utilisation par un homme non élu et donc non légitimé par le peuple pour faire usage d'un tel pouvoir. Le débat parlementaire est donc une très bonne chance, mais il ne s'agit que d'un pouvoir normatif  restreint, la réalité du pouvoir décisionnel étant laissée à l'executif. Voila, donc là encore, rien de choquant si un gouvernement... gouverne... et c'est plus pratique s'il le fait avec l'appui de sa majorité^^
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R
"Jusqu'à preuve du contraire, Dominique de Villepin n'est pas le président de l'UMP!" ==> huhu gros malin je parlais de sarko (anagramme de Rasko... je sais! )<br /> Jusqu'à preuve du contraire la Vème République ne passe pas outre le débat parlementaire...  L'alternative au problème du CPE devait être apportée par une commission de députés et sénateurs présidé par Josselin de Rohan et Bernard Accoyer respectivement présidents du groupe UMP au Sénat et à l'Assemblée Nationale. Or il n'en fut rien... ou presque rien! Sarkozy s'est posé en sauveur, en alternative au gouvernement (vive l'unité...). Tout cela pour dire que n'étant pas député, Sarkozy n'avait pas à subtiliser le job des parlementaires! <br /> En plus, pardon mais ce que tu dis est absolument stupide... Aucun projet ni proposition de loi ne passe sans l'approbation de l'assemblée et donc sans auparavant le débat parlementaire! Après ca t'as beau jeu de t'outré lorsque de Villepin passe en force avec le 49.3 ! Dans notre système politique avec plusier partis, le débat parlementaire est et restera le meilleur moyen de représenter l'ensemble de la population! Sinon c'est le gouvernement du parti unique et je ne crois pas que ce soit le but de la Vème... 
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S
Jusqu'à preuve du contraire, Dominique de Villepin n'est pas le président de l'UMP! mais là n'est pas la question; il est tout à fait normal que ce soit le parti majoritaire à l'Assemblée qui dirige le pays... je vois mal comment il pourrait en être autrement en fait o_0 Mais si tu es friand de "débat parlementaire", je te renvoie au magnifique fiasco institutionnel de la IVème République. Pourquoi fiasco? Parceque les parlementaires de l'époque pensait, tout comme toi, que "gouvernement d'un parti" et "débat parlementaire" étaient deux modes de fonctionnement concurrents. La Vème République a eu le mérite de prouver qu'il n'en est rien, car il est tout bêtement impossible de substituer l'un à l'autre, leurs fonctions étant rigoureusement non concurrentes.
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