La voie royale
Alors que je feuilletais quelques revues chez le marchand de journaux, un fait pour le moins inhabituel me frappa ! (aïe…) Aucun des grands hebdomadaires français dignes de ce nom n’avait fait sa une sur Nicolas Sarkozy ! Pas un seul, nada, whalou, ketchique, peanuts, RIEN sur notre cher ministre… Alors, on est en droit de se demander quel évènement pourrait être assez important pour que les rédacteurs en chefs, dans leur intégralité, abandonnent le, pourtant si juteux, filon Sarkozy… Qui donc a osé voler la vedette au locataire de la place Beauvau ? Et bien c’est l’étoile montante du PS, celle qu’on annonce déjà comme la seule rivale possible de Sarkozy, celle qui incarne pour certain le renouveau de la gauche, et pour d’autre la gauche ultra-libérale incarnée par « l’infâme Blair », j’ai nommé Mme Ségolène Royale !
En effet, la plupart des « poids lourds » de la presse française a titré sur la présidente de la région Poitou-Charentes… du point au nouvel obs en passant par Paris Match (qui faisait sa une précédente sur Sarkozy…), tous ont choisi au même moment de se pencher sur le « phénomène royale ». Alors puisqu’une si belle occasion m’est donnée, je m’en vais en faire autant…
Je considère Ségolène royale comme la meilleure candidate de la gauche et je pense qu’elle serait l’évolution dont la politique française a tant besoin… Premièrement parce qu’elle prône et applique ce qui manque cruellement à la classe dirigeante : le dialogue ! Ecoutez, comprendre, dialoguer et trouver des solutions consensuelles qui obligent chacun à faire des efforts mais qui au final contentent tout le monde ! Car si le manque de communication avec les citoyens a atteint son apogée avec de Villepin, la cassure s’est faite depuis bien longtemps et ni la droite ni la gauche n’a su rétablir ce lien pourtant si fondamental à la démocratie. Car bien souvent, le conflit social naît de l’inquiétude due à la non information… Il suffirait de dialoguer, de débattre, d’expliquer objectivement afin de rassurer et d’obtenir l’approbation des masses. La « démocratie participative » qu’elle envisage pour la France symbolise au mieux ce désir de responsabiliser les citoyens, de les éduquer et de les ré-intéresser à la chose politique.
Secondement, elle fait partie des « éclairées » du PS. Loin des éléphants bornés, frustrés et finalement dépassés que sont à mes yeux les Fabius, Hollande, Mélanchon ou autres Emmanuelli… Remettre en cause l’intégralité du système social français ? Pas question… Le faire évoluer afin de permettre la compétitivité des entreprises françaises tout en garantissant des conditions de vies décentes aux travailleurs, oui ! Comment ? En « poussant les entreprises à mieux assumer leur responsabilité sociale tout en améliorant leur compétitivité » (interview du nouvel obs du 6 avril 2006)… Responsabiliser les entreprises mais aussi responsabiliser le citoyen en lui faisant comprendre que désormais ce qu’elle nomme « l’agilité » (qui n’est rien d’autre que la flexibilité…) devra faire partie des compétences des travailleurs ! Flexibilité : oui, précarité : non !
Enfin une socialiste (accompagnée de Strauss Kahn tout de même) qui veut revaloriser le travail et non plus les chômeurs ! Enfin une socialiste qui admet que le système français tire les travailleurs vers le bas et finalement pousse les gens à vivre des différentes aides et allocations… Mais encore une fois, pas question de tomber dans l’extrême et de tout libéraliser afin de faire le jeu du patronat, Ségolène Royale brille une nouvelle fois par son sens du consensus en préconisant l’investissement dans le service publique, en faisant confiance aux jeunes et en insufflant le dynamisme dans l’économie française afin de moderniser notre économie… Un peu sur le modèle anglais de Blair en évitant toutefois les dérives qui s’en suivirent…
Car finalement, ce qui caractérise au mieux Ségolène Royale, c’est son indépendance face aux idéologies et aux systèmes figés… Capable de regarder avec un œil objectif ce qui se fait ailleurs, sans adhérer aveuglément à un système, sans « caricaturer et diaboliser l’autre », simplement en analysant et en constatant objectivement… Voila enfin une femme politique qui a compris qu’il était stérile de dire « NON » à toutes les solutions de l’opposition, enfin quelqu’un qui est prêt à s’asseoir autour d’une table et d’écouter ce que proposent les autres afin d’en tirer une synthèse constructive… Quel pas en avant ce serait dans un pays où un parti se sent dans l’obligation de mener une politique extrême et aveugle dès son arrivée au pouvoir pour bien montrer la rupture avec l’opposition…
Reste à savoir si le parti socialiste sera assez lucide pour permettre à celle qui rassemble le plus à gauche de se présenter comme candidate aux présidentielles… Pour cela, il faudrait que tous les ténors du parti mettent leur ego de côté et qu'ils fassent primer leurs idéaux sur les leurs soifs de victoire et de reconnaissance publique et ça, c’est pas gagné…