Tchernobylement vôtre
Il y a tout juste 20 ans, le réacteur n°4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl s'emballait et finissait par voler en éclat. L'explosion de la chape de béton protégeant le coeur du réacteur ainsi que l'incendie qui s'en suivit libérèrent un nuage chargé de particules fortement radioactives. Je ne vous referais pas la chronologie des évènements, les médias s'en sont suffisamment chargés mais je voudrais plutôt m'attarder sur deux points que soulève cette tragédie humaine : la désinformation et la place de l'énergie nucléaire dans nos sociétés.
Premièrement, comment ne pas s'inquiéter des différences abyssales entre les chiffres fournis par l'OMS ou l'AIEA et ceux fourni par des ONG sur place, des organisations civiles ? En effet, l'OMS, dans son dernier rapport chiffrait que « moins d'une cinquantaine de décès avait été attribué directement à cette catastrophe » et que « jusqu'à 4000 personnes pourraient à terme décéder des suites d'une radio-exposition consécutive à l'accident (...) de Tchernobyl ». Dans le même temps, l'organisation Union Tchernobyl (soit la principale organisation des liquidateurs) estimait que sur 600 000 liquidateurs (les courageux techniciens qui bouchèrent le trou à mains nues et sans protections dignes de ce nom...) approximativement 60 000 sont morts et 165 000 handicapés. Comment expliquer une telle différence ? A l'évidence, l'OMS (qui serait officieusement muselée par l'AIEA...^^) minimise gravement les conséquence de l'accident.
Par ailleurs, l'OMS refuse l'idée selon laquelle les populations seraient soumises à une contamination interne et que les rayonnements radio actifs continueraient de provoquer cancers, malformations génétiques et autres maladies génitales... Pourtant, nombre de scientifiques éminents démontrèrent dans des ouvrages ci tôt censurés les effets désastreux d'une exposition constante à la radioactivité. L'un d'eux, le Pr. Youri Bandajevski a même été condamné à 8 ans de goulag en Biélorussie pour ses travaux un brin dérangeant pour les autorités Biélorusse. Enfin, comment ne pas rappeler le mensonge fou formulé par les autorités françaises selon lequel le nuage radioactif s'arrêterait à la frontière ! Peut être avait-il oublié ses papiers à la centrale... c'est ballot !
Toujours est il que la vérité est encore bien loin d'être faite sur cette sombre affaire et qu'en attendant, les paysans biélorusses et ukrainiens continuent de vivre dans ce petit coin d'enfer, promis à une mort certaine dans des conditions inhumaines pendant que les dirigeants et responsables sanitaires iront se resservir de saumon fumé et caviar parce que bon, les pommes de terres radioactives, ça va bien un moment ! ^^
Mais faut il pour autant stigmatiser l'énergie nucléaire ? Faut-il faire de cet accident la preuve ad eternam de la folie du nucléaire ? Si l'on en croit les différents rapports à ce sujet, cette énergie serait l'une des énergies les plus propre dont on dispose pour le moment. Le tragique accident de Tchernobyl doit-il impliquer la fermeture de toutes les centrales comme le demande certaines associations anti-nucléaire ? Je ne le pense pas... En revanche, il me paraît tout à fait insouciant, et même à la limite de la provocation, de privatiser ces mêmes centrales... Mais ceci est un tout autre débat, à savoir celui des privatisations des entreprises publiques.
Car finalement par quoi pourrait-on bien remplacer l'énergie nucléaire actuellement ? L'énergie hydraulique ? Mis à part la Suisse, peu de pays peuvent avoir ce privilège et de toute façon cela ne permettra jamais de répondre totalement à la demande toujours croissante. L'énergie solaire ? Coûteux, durée de vie insuffisante et apport insuffisant en énergie. Bref, pour l'instant, rien ne semble en mesure de remplacer intégralement l'apport énergétique du nucléaire ! Mais mis bout à bout, énergie solaire, hydraulique, éolienne et géothermique on pourrait diminuer considérablement la demande en nucléaire. Seulement voilà, le lobby du nucléaire est aussi influent en France que les blancs en neige sont indispensables à la mousse au chocolat !
De toute manière, d'après certaines estimations, l'uranium, élément indispensable au nucléaire, viendrait à manquer d'ici à 50 ans. Il est donc impératif de commencer d'ores et déjà à réfléchir à changer notre énergie. Il est grand temps de songer à une solution durable, sûre, utilisant des ressources naturelles renouvelables et respectueuse de l'environnement ! Mais cela demande un investissement important avec l'incertitude de trouver une solution. Et comme toujours, on remettra le problème à demain, plaçant les générations suivantes dans une situation inconfortable parce que l'environnement ça ne rapporte pas... Il me paraît donc plus que nécessaire que les autorités publiques mettent un peu leurs intérêts personnels de côté, pensent réellement à étudier le problème de près et surtout, qu'ils s'en donnent les moyens financiers ! Car encore une fois malheureusement, le nerf de la guerre est bel est bien d'ordre pécuniaire...